Avec 20000 enlèvements par an en moyenne, le marché du kidnapping se porte bien. Longtemps associé à un acte terroriste, l’enlèvement tend depuis les années 1990 à devenir une véritable industrie, aux revenus (très) lucratifs. Certes, il reste une « arme » dans de nombreux conflits, comme en témoignent les nombreux otages dans différents pays, mais de plus en plus de ravisseurs ne sont motivés que par l’appât du gain. Il est vrai que les montants négociés peuvent atteindre plusieurs millions d’euros, pour peu que l’événement concerne des Occidentaux et qu’il soit médiatisé.

 Le plus souvent cependant, on assiste à une imbrication de motivations où il n’est pas aisé de distinguer les finalités poursuivies. « Les deux sortes d’enlèvements, criminels et politico- criminels, ont dorénavant des rapports solides », analyse Pierre Conesa, chercheur associé à l’IRIS et ex-adjoint au directeur de la Délégation aux affaires stratégiques (DAS). Une complexité face à laquelle les réponses étatiques ne sont pas évidentes et qui favorise l’offre des sociétés de sécurité privées.

Le phénomène n’est pas nouveau, loin s’en faut. Il a néanmoins évolué au cours de l’histoire. Dans l’Antiquité, l’otage est une « institution » qui vise à garantir l’exécu- tion des traités militaires ou politiques. « À la différence de ce qui se passe aujourd’hui, il n’y avait pas prise, mais remise d’otages. Ainsi, il n’y avait rien de plus normal ni de mieux admis, dans la pratique des rapports internationaux de l’époque, que le recours aux otages » rappelle le recteur et professeur d’histoire Saliou Ndiaye. L’otage est un échange consentant entre puissances. Ainsi, il n’est pas un prisonnier, mais un captif qui ne doit pas être maltraité. Il n’est pas rare qu’il jouisse même d’une certaine liberté de mouvement, lui permettant selon ses moyens de mener une vie sociale. Cette situation va perdurer au Moyen âge et à l’époque moderne. On assiste ce-pendant, notamment au cours de la Guerre de Cent ans, à des prises d’otages par la force afin de monnayer un avantage politique sur l’adversaire ou un gain financier important. Le kidnapping peut déjà s’avérer crapuleux et fondé sur des considérations purement mercantiles.