La criminalité classique étend son emprise par une large gamme de forfaits commis à travers le réseau Internet : escroqueries, fraudes, extorsions, abus, espionnages, vandalismes, conflits, harcèlements, etc. – termes auxquels on peut accoler désormais le préfixe cyber. La cybercriminalité recouvre ainsi toute activité illégale ou irrégulière réalisée à travers le cyberespace. Par extension, elle intègre toute forme de malveillance électronique effectuée au moyen de l'informatique et des télécommunications (téléphonie, cartes à puce,...). Cette nouvelle forme de criminalité, dont l'ampleur est considérable mais encore mal chiffrée, appelle la société et les gouvernements à réagir. Comment ? Avant de proposer quelques réponses, précisons le contexte et les enjeux de la cybercriminalité.
Les technologies de l'information et de la communication sont devenues des cibles de la malveillance (vol d'ordinateurs ou de données, prise en otage de ressources informatiques...) ou des moyens pour commettre des actions illicites (chantage, détournement, blanchiment d'argent...). Le réseau Internet facilite des délits classiques, notamment ceux relevant de la criminalité économique, et donne lieu à de nouvelles formes de délits (fraude informatique, piratage de logiciels...). La dématérialisation des services et des transactions, les outils de mise en relation et de communication, la capacité d'agir à distance et sous de fausses identités ou des identités usurpées, de passer par un grand nombre d'intermédiaires techniques (serveurs, fournisseurs d'accès, etc.) et de pays différents : tout cela autorise des formes d'organisation, d'échanges et d'activités criminelles très profitables au regard de l'investissement nécessaire et du risque encouru.
Par ailleurs, dans le cyberespace, tout le monde peut communiquer avec n'importe qui, n'importe quand, n'importe où. Les utilisateurs– enfants, personnes âgées ou autres personnes sans histoires – y côtoient virtuellement des acteurs malveillants de toutes sortes (pédophiles, terroristes, criminels, délinquants, escrocs professionnels, etc.). Internet est dès lors un espace où le risque informatique d'origine criminelle est structurel, omniprésent et permanent.
Au-delà de leur intérêt pour les individus, les infrastructures informatiques et de télécommunication sont aussi d'importantes ressources stratégiques pour les organisations ou les États. Elles sont la cible de cybermenaces sur leur disponibilité, leur intégrité ou leur confidentialité. Elles peuvent également être utilisées pour manipuler l'opinion (endoctrination, diffusion de rumeurs...), pour l'espionnage, pour la surveillance et le contrôle social, ou encore pour déstabiliser une économie, voire un État. Le réseau Internet est certes un fabuleux outil de communication, mais il constitue aussi un instrument de pouvoir et une arme de guerre !